Les arts martiaux regorgent de nombreuses disciplines portées sur le self-défense. Fondé en Corée, un sport de combat s’est installé depuis longtemps dans le paysage mondial et olympique. En effet, le Taekwondo est l’une des pratiques emblématiques des sports de combat, mis en valeur par notamment Pascal Gentil en France. Allons maintenant sur la voie des pieds et des poings en passant par le dojang.
La genèse du Taekwondo née en Corée
Les première traces de la discipline remontent à la période de l’Antiquité. À ce moment-là, trois royaumes de Corée, Kuyogo, Baekjae et Silla développent, à des fins militaires, un art martial nommé, “Subak” (ou Takyun) ressemblant des techniques à mains nues, de déséquilibres et de coups de pied. D’ailleurs, cette pratique est utilisée dans les joutes martiales lors de festivités diverses.
Au 4e siècle, son appellation change pour Hwarang-Do au sein du corps d’élite du royaume de Silla. Cet art martial devient un mode de combat et de vie avec des valeurs philosophiques et religieuses. De plus, il faut ajouter les règles comportementales compilées dans l’ouvrage nommée Hwarang-O-Kea. Grâce à l’utilisation de la pratique, les Hwarangs ont permis à l’unification de la Corée en repoussant loin de leur territoire les envahisseurs japonais. De là, il y a eu la création du Taekkyon qui unit des mouvements fluides et légers ainsi que le jeu de jambes. La pratique perdure avec l’appui de certains rois de Corée à travers le Moyen-Âge.
Pour représenter à bon escient les techniques de combat, l’ouvrage Muyedobo Tong-Ji (“Manuel complet illustré d'arts martiaux”) sort en illustrant et développe les 18 systèmes d’armes. Apparu sous le règne du roi Jeongjo, ce manuel se décline en 4 volumes dans un contexte critique du fait des nombreuses invasions subies par la Corée. D’ailleurs, le quatrième tome appelé “ Techniques de combat à mains nues ” met en lumière l’ancêtre du Taekwondo. Les auteurs Yi Deongmu, Bak Jega, Baek Dong Soo, personnages des arts martiaux au 18e siècle, ont recensé pas moins de 38 mouvements qui sont utilisés encore aujourd’hui.
Pendant plus de 35 ans, les arts martiaux dont le Taekkyon étaient interdits dans le territoire coréen. En effet, le pays du Matin calme devient une province sous le contrôle des Japonais (1910-1945). À cause de ses circonstances géopolitiques, la discipline de combat avait pratiquement disparu du paysage coréen. Néanmoins, elle refait surface en tant que sport national.
Très influencé par la culture japonaise avec le karaté (Shōtōkan-ryū) et le mélange de sport de combats coréen, le Taekkyon devient le Taekwondo au moment de l’indépendance de la Corée dans les années 50. Codifié et nommée sport national, le Teakwondo est devenu un modèle de propagande pour répandre une forme de patriotisme sur le territoire coréen après l’occupation japonaise. Le sport se modernise structurellement avec deux fédérations internationales (ITF et World Teakwondo Federation) basées à Séoul depuis 1966. La popularité de la discipline bat son plein avec 70 millions de pratiquants dans le monde dont 40 % sont des femmes. Olympique en 1994, le Teakwondo est à son apogée en intégrant pour la première fois les Jeux en 2000 à Sydney.
Après avoir narré les débuts et les tractations autour du Teakwondo, on va approfondir en détaillant les traits caractéristiques de la discipline. Par la voie des pieds et des poings, le Teakwondo se fonde par le biais de l’entraînement du corps et de l’esprit au sein du dojang.
Les caractéristiques de la discipline aux jeux de jambes
Comme pour tous les sports de combat, le Taekwondo permet à une personne d’avoir des qualités de défense. De plus, le pratiquant peut trouver une force d’épanouissement et un équilibre personnel. Alliant les techniques modernes et ancestrales, la discipline arrive à se rendre très attractive lors des combats. Au Taekwondo, les combats sont souvent fluides, spectaculaires et surtout très aériens dus aux coups de pied. Un taekwondoïste doit posséder beaucoup de qualités techniques. Entre autres les blocages, le combattant est obligé d’exceller dans les enchaînements de coups de pieds et même de coup de poings.
Dans cette pratique de combat, on recense de multiples techniques que ce soit en corps à corps ou bien en combat aérien. L’activité du Taekwondo réside dans les frappes podales. Les combattants utilisent, pour mettre en échec l’adversaire, le coup pied semi-circulaire (Dollyo tchagui), direct (Ap tchagui), de haut en bas (Neryo tchagui) ou encore retourné circulaire (Mom dollyo tchagu). En dobok, les taekwondoïstes possèdent une tenue très ample et confortable qui permet à l’écartement des jambes pour effectuer les mouvements. Les combattants n’utilisent pas seulement les pieds mais peuvent être manuel.
Parmi les nombreuses techniques de poings, on peut mentionner des mouvements pénétrants dits direct comme le Montong (Bandé) jileugui (coup de poing niveau moyen coté jambe avant) ou le Eulgoul balo jileugui (coup de poing niveau haut coté jambe arrière). De plus, il existe aussi des mouvements de percussions dits indirects : Deung joumok eulgoul ap tchigui (frappe directe revers de poing sous le nez), Sonnal mok tchigui (frappe tranchant de la main au cou) ou encore Batangson tok tchigui (frappe de la paume de la main dans la mâchoire). En compétition, l’utilisation de ces techniques doivent cibler une partie très précise du corps.
Voici les graduations enfants et adultes (Source Image : Taekwondo Club Vichy) :
Lors d’un affrontement de Taekwondo se déroulant en trois rounds, les adversaires doivent se procurer des points en frappant le haut du corps où se situent le plastron et le casque (le buste et la tête). Pour les coups de pied en dessous de la ceinture et coup de poings au niveau du visage, ceux-ci sont strictement interdits et peuvent être sanctionnés par une grosse pénalité de points ou la perte d’un combat. Concernant le comptage, l’arbitre s’occupe de l’attribution des points correspondant à la technique du mouvement. Par exemple, les coups de pied portés à la tête (de 5 à 3 points) peuvent valoir plus de points que les frappes de la main orientées vers le buste (de 1 à 3 points). Obtenir des points n’est pas le seul moyen pour remporter un combat. En effet, on peut mettre KO son adversaire tel qu’en Boxe ou en MMA. D’ailleurs, le pays fondateur de cette discipline met actuellement KO les autres nations à chaque compétition internationale.
Dans cette discipline de combat, un pays s’annonce comme le maître à la matière : la Corée du Sud. Effectivement, la Corée du Sud accumule les titres mondiaux et olympiques à travers de combattants qui ont marqué l’histoire.
La Corée du Sud, nation fondatrice et dominatrice
Sur l’ensemble des catégories présentées au Taekwondo, la Corée du Sud s’impose comme le pays le plus lucratif. En termes de titres dans diverses compétitions, la nation asiatique squatte la première place depuis la création de la discipline. Cette hégémonie met en lumière une politique sportive efficace à la manière américaine.
En Corée du Sud, l’apprentissage au sport de combat se fait tout petit. D’ailleurs, les enfants s’initient au Taekwondo dans les dojangs dès l’école primaire pour apprendre leurs premières armes. Par la suite, les meilleurs peuvent participer aux compétitions à partir de la 6e. Du lycée à l’université, les jeunes combattants doivent avoir un niveau très élevé. Que ce soit physique ou mental, les recruteurs cherchent les champions de demain. Ce qui est privilégié chez un taekwondoïste, se concentre sur notamment sa vitesse et son allonge. De plus, le combattant est obligé de fournir une morphologie fine et longiligne afin de passer le cap d’une carrière professionnelle.
Comme aux États-Unis, certaines universités mettent en place un scouting pour dénicher les meilleurs combattants au 4 coins du pays. Pour convaincre les meilleurs, ils sont prêts à proposer la gratuité de leurs études (en Corée, une année universitaire vaut entre 1800 et 4500 euros environ, d’après Ready to go). D’ailleurs, une ligue universitaire rassemble une centaine d’équipe de combattants qui s’affronte en tournoi, tout au long de la saison. Au sein de cette ligue, il existe trois divisions : le bas niveau pour ceux qui ne sont pas dans la section combat, le niveau intermédiaire pour les combattants qui n’ont pas remporté de médailles l'année précédente et le niveau élevé consacré aux taekwondoïstes médaillés depuis des années.
Grâce à ce type de modèle issu des sports US, la Corée du Sud amasse de nombreux titres aux championnats du monde et aux Jeux Olympiques. Depuis la création de la discipline, le pays du Matin calme est la meilleure nation sur les 24 mondiaux organisés tous les deux ans (114 médailles chez les hommes, 98 chez les femmes). Par exemple, en 2019, lors des championnats à Manchester, les Sud-Coréens ont gagné 7 médailles dont 4 en or devant la Chine (7) et la Grande-Bretagne (4) sur l’ensemble des catégories. Au Jeux, ils mènent aussi la danse au classement des médailles depuis 2000 avec 19 médailles (12 or, 12 argent et 5 bronze) suivis de la Chine (10) et les États-Unis (9).
À l’image de Jung Myoung-sook (3 titres de championne du monde en +70 kg), quelques légendes de Corée ont marqué l’histoire du taekwondo. Chez les hommes on peut citer Kim Tae-hun (3 titres mondiaux en –54 kg), Choi Yeon-ho (4 fois champion du monde en –54kg) ou encore Yan Dae-sueng (3 fois champion du monde en –70 kg). Le Taekwondo féminin est aussi marqué par la carrière de Kim So-hui (championne olympique à Rio et 2 fois champion du monde en – 49 kg). La nation fondatrice domine, certes heureusement, d’autres pays sortent victorieusement du lot dans la discipline comme l’Iran, l’Espagne, la Chine ou encore les États-Unis.
Hors de la Corée, les autres nations ne chôment pas dans les jeux de jambes
À part la Corée, un autre pays asiatique réussit à amasser des médailles. L’Iran devient un lieu très ancré à la pratique à l’image des victoires de Mohammad Bagheri Motamed et de Behnam Asbaghi dans le circuit mondial. Hadi Saei a permis de mettre l’Iran sur la carte mondiale du Taekwondo avec ses deux titres olympiques et deux sacres mondiaux. En Chine, la combattante Wu Jingyu est une star et la référence par l’obtention de deux or aux Jeux et deux succès mondiaux.
Dans le Vieux Continent, la Turquie et l’Espagne squattent le haut du panier. Côté Turcs, on peut prononcer les noms de Bahri Tanrikulu, Servet Tazegül, Nur Tatar et Irem Yaman. Chez les Hispaniques, Joel Gonzalez et Brigitte Yagüe ont marqué les esprits. La France se fait aussi remarquer avec des combattants d’exceptions. Pascal Gentil a fait connaître le Teakwondo grâce à deux médailles de bronze aux Jeux Olympiques. Quelque temps après, Gwladlys Épangue, Anne-Caroline Graffe, Haby Niaré, Mamédy Doucara ont tous déroché un titre de champion du monde. Pour rappel, Mickaël Meloul a été le premier français champion du monde à New York City en 1993. Par ailleurs, la Grande-Bretagne fait partie du gratin européen au regard du parcours de Jane Jones et la domination de Bianca Walkden dans sa catégorie.
En outre, l’Étasunien Steven Lopez est une référence marquante du Taekwondo, qui a contribué à sa nation. Originaire de Nicaragua, il possède un palmarès impressionnant avec notamment 5 titres mondiaux et 3 médailles olympiques dont 2 en or. Avec Hadi Saei, il est une légende mais sa carrière est entachée par des accusations sexuelles sur des jeunes athlètes. Il a été suspendu à vie de tout contact avec le Taekwondo.
Il n’y a pas que les valides qui peuvent se confronter dans ce sport de combat. En effet, le para-taekwondo existe par l’appui par la fédération mondiale. Les sportifs handicapés développent de nombreuses qualités à l’intérieur du dojang.
La voie des poings et des pieds pour les para-athlètes.
Depuis 2006, la fédération mondiale de taekwondo s’ouvre aux personnes avec un problème physique, visuel ou mental avec une section Kyorugi (combat) et Poumsae (enchaînement gestuel de techniques de combat). La pratique s’est structurée très rapidement avec les premiers mondiaux organisés en 2011 et son intégration aux Jeux Paralympiques.
Los des compétitions, il y a deux grandes catégories dans la section combat qui comprend les athlètes amputés et les combattants sourds. En Poomsae, on y présente 6 classes d’handicap :
En handisport, La Russie et la Turquie sont les pays les plus forts avec une moisson de médailles significative. Au Mondiaux 2019 à Antalya, les Trucs terminent la compétition en totalisant 11 médailles derrière le leader russe qui rafle 14 médailles. La France s’est quand même défendue dans le dojang turc. Bopha Kong, combattant sans bras, est devenu quadruple champion du monde (K 43/ -61 kg) et Laura Schiel s’est mise en valeur avec l’obtention du bronze.
Le Taekwondo fait partie de la culture sportive à travers une histoire singulière qui intègre désormais les athlètes à déficient physique. De la genèse à aujourd’hui, ce sport de combat s’est construit pour se répandre dans le monde entier en gardant son identité naturelle. Par le biais de grande figures emblématiques et d’une philosophie de combat, la discipline venue de Corée, inspire durer pendant plusieurs en prenant la voie de pieds et des poings.
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