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Escrime version aveuglée, une histoire de sixième sens ?

Au Paraport, les armes ne sont pas réservées qu’aux personnes en fauteuil. L’Escrime s’ouvre aussi pour les athlètes atteints de problèmes visuels. D’ailleurs, ce week-end dernier, la mairie du 20e arrondissement de Paris a accueilli la première édition du circuit national déficient visuel, organisée par le club du Cercle d’Escrime Franco-Cubain.

Crédit Photo : Midi Libre

Tournoi d’Escrime à l’aveugle avec l’épée dans l’arène de Paris


La mairie du 20e de la ville Paris s’est transformée durant deux journées à une arène à duel ! Les para-sportifs ont pris en main l’épée, l’une des trois armes de la pratique sportive. Masqués par des lunettes opaques, les épéistes doivent effectuer une touche avec la pointe de l’objet tranchant en visant toutes les parties du corps. Dans cette compétition, deux escrimeurs sont montés sur la première marche du podium.


Laurence Labrunie chez les femmes et Kilian Poirée dans le tournoi masculin, grands vainqueurs du rendez-vous. La première a remporté la finale féminine contre son opposante l’Italienne Veronica Tartaglia. Labrunie s’est imposée sur le score de 10 à 5 pour s’adjuger le titre. Auparavant, elle avait sorti Simonetta Pizzuti en demie (10-9) et éliminé Camille Couston en quart (10-6). Pizzuti a obtenu le bronze lors de la petite finale gagnée contre Amélie Toussaint (10-7). Quant à Kilian Poirée, l’escrimeur français a pris le dessus sur Alessandro Buratti pour s’emparer l’or (10-3). La médaille de bronze a été mise autour du coup de Lorenzo Ballini et Raphaël Brendle, éliminés dans le dernier carré. Lors de la compétition, deux invités se sont immiscés en initiant à l’épée dans le noir.


L’écholocalisation en Escrime ou sentir l’adversaire dans le noir


Cyril Moré et Mattéo Luthi, stars assis sur le fauteuil en vedette dans ce circuit national pour déficient visuel ! Le premier intervenant a marqué l’Escrime handisport avec 7 médailles paralympiques dont 5 titres et s’est distingué en Ski Alpin. Le second, licencié au CEFC est promis à un grand avenir avec l’étiquette de double champion d'Île-de-France d'escrime fauteuil épée et fleuret. Les deux visages de l’Escrime français se sont affrontés sur le fauteuil avec les yeux fermés dans le cadre d’une démonstration. Toucher son adversaire dans le noir nécessite à combler la perte de la vue avec un nouveau sens.


A l’issue de la démonstration, Cyril Moré a ressenti des difficultés sur sa technique à se positionner dans l’espace face à son opposant. Pratiquer l’Escrime dans le noir demande des fortes aptitudes sonores. Les escrimeurs, déficients visuels, ont développé leur ouïe pour se déplacer dans l’environnement et ont acquis un nouveau pouvoir : l’écholocalisation. Cette capacité humaine consiste à détecter la position ou la présence d’un objet par l’appui seulement d’échos émis. Dans ce rendez-vous, les épéistes utilisent ce sixième sens à leur avantage en comptant sur leur science tactique du jeu.


Voir son adversaire sans la vue, c’est possible ! Les deux adversaires masqués comptent sur le bruit de l’un et d’autre pour se positionner en attaque ou en défense. Parfois, les adversaires initient une offensive au moment où les épées sont en contact. Dans ce cas de figure, celui qui dispose d’une bonne technique et une intelligence tactique prend le dessus sur l’autre. Ils peuvent aussi détecter la distance de l’autre par rapport aux pas. En Escrime, les compétiteurs créent des routines de déplacement avec des fentes. Que ce soit en avant ou en arrière, ce type de mouvement s’utilise pour toucher en attaque et riposter en défendre. L’intensité des pas produit du bruit ce qui permet à l’adversaire de juger sa position par rapport à l’autre. Il est capable de changer de garde pour chercher la touche selon la situation du jeu.


Il faut être Daredevil pour exercer à l’Escrime ! Malgré l’absence de vue, les athlètes ont le pouvoir de faire disparaître ce handicap en comblant par une nouvelle qualité sensorielle. L’écholocalisation s’avère un moyen de dessiner l’environnement par le biais du son. Elle se caractérise comme une manière de distinguer à bon escient, le corps de l’adversaire afin d’avoir l’objectif de toucher. Toucher mais ne pas se faire toucher, une expression qui résonne aussi au monde des aveugles.


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