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Défaites : la haine de la gagne

Dernière mise à jour : 21 août 2021



Tout monde déteste la défaite parce que la victoire fait retenir la mémoire des gens peu importe la façon. Nous, on haït la gagne. Ce sentiment est intervenu au moment où les autres équipes n'ont plus voulu nous battre.


Au début, la victoire était plus important que réussir nos vies. Avec des joueurs forts dans notre équipe, on dominait notre championnat domestique et l'Europe de la tête et aux pieds. Les titres s'enchaînaient comme des perles avec aucunes concurrences. Que ce soit en termes de jeu, de tactique et de mentalité, on effectuait des séries invincibilités. Si vous voyez tous nos matchs depuis une décennie, la défaite n’existait pas dans notre quotidien. Gagner des matchs faciles sans adversité était un vertu. Maintenant, le dégoût nous envahit l'esprit par rapport à cela. La seule raison de continuer à jouer était la haine des autres envers nous. On aimait être seul contre tous.


Les supporters des autres équipes nous insultaient et jetaient des objets pendant toute la durée de nos matchs à l'extérieur. Sur le terrain, nos adversaires prenaient tous les risques : anti-jeu, agressivité, malices, pressions, contestations, intimidations et d'autres méthodes. Mais, ces pièges répétitives ne nous arrêtaient pas. Mieux, elles provoquaient en nous l'envie de tout anéantir sur notre passage.


Contre une équipe très agressive dans les contacts, on perdait un match à l’extérieur. Notre ennemi prend un avantage mérité à la mi-temps avec un écart conséquent. Dans cette période, on jouait comme à notre habitude sauf que l'adversaire était plus déterminé et vraiment investi dans ce mach devant leurs supporters. La combativité nous faisait défaut. En deuxième période, notre visage a drastiquement changé. On a donné une leçon collective d'une manière sans nom. Cette victoire est le plus grand succès de ma vie. Après la victoire, on est resté sur le terrain pour crier notre joie et fêter notre performance avec tous les membre du staff et nos supporters. Mes derniers instants à fortes émotions !


Toutes les équipes qui nous affrontaient, adoptaient une tactique défensive avec une certaine violence. Mais à chaque fois, on les battait sans difficulté la majorité du temps. L'année dernière, un joueur contre nous, m'avait interpellé lors d'un match remporté très largement. Il m'avait dit que son équipe baisse les bras parce qu'on était pire que surpuissant. Il continuait en mentionnant la façon dans laquelle on gagnait les matchs. Il a terminé la discussion avec une phrase à la Lapalissade : "Si vous gagnez encore, on perdra encore". Voilà une manière surprenante pour employer une litote. Mon équipe traumatisait les autres qui ne voulaient plus jouer à ce sport populaire face à nous. Je commençais à regretter toutes ses victoires. Même ma carrière sportive.


Faire du sport me procure l'envie de vivre. La victoire était un bienfait. Elle signifiait tous les efforts que j'ai faits pour être là où j'en suis. Que ce soit collectif ou individuel, je me battais. Maintenant, je vais arrêter. Voir nos adverses abandonner avant notre match parce qu'on est fort. Cela me donne aucun intérêt à poursuivre avec une équipe qui annihile les espoirs des autres malgré un respect remarquable et un bel comportement dans le jeu.


Sans doute, on marquera l'histoire de ce sport. Les gens se rappelleront de notre domination. Je préfère oublier ce temps tristement glorieux. Effacer toute trace de mon passage pour ne plus avoir la haine de la gagne.

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