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Défaites : cette blessure qui est devenue un traumatisme.



Putain ! C’est dingue. Je suis allé à l’école, ils se sont tous moqués de moi. À 5 minutes de la qualification en demie, à 5 minutes. J’en n’est pas dormi. Quand Mahamadou Diarra égalise, je me suis dit qu’on pouvait le faire. Même Thierry Gilardi et Jean-Michel Larqué étaient d’accord avec moi. Au vu du match, ils méritaient de passer. En deuxième période, on était solide en défense. Les Milanais semblaient être inoffensifs jusqu’à la fin du match. Une première demi-finale en Ligue des Champions. Le rêve était largement réalisable.


C’était évident que les Italiens allaient pousser pour arracher la victoire. Mais le match nous appartenait. Il faillait juste tenir un peu. Coupet au cage, Caçapa et Cris : une muraille lyonnaise infranchissable. Casse les couilles, ce Inzaghi, là. Pourtant, ça fait longtemps que je vis sur cette planète. Je ne l’ai jamais vu marqué à l’extérieur de la surface. Campeur. Comment c’est rageant de voir des moments horribles en tant que supporter.


1-1, 88e minute. Score final, 3-1. J’étais tellement excité à ce que la fin arrive rapidement. Parfois, on sent le temps qui ralentit alors que ton club est proche d’une grosse performance. A contrario, le temps file à peau de chagrin au moment où ton équipe préférée perd. C’est vraiment bizarre. Il faut que certains scientifiques fassent des études psychologiques sur le monde du supportérisme. Quand j’ai vu ce long ballon de Clarence Seedorf dans la surface, je me suis dit : “Encore 5 minutes et on les sort”.


Quand j’ai vu Massimo Ambrosini dévier le ballon pour Andriy Chevtchenko, je me suis dit qu’on est en demi-finale. Quand j’ai vu le contrôle orienté de l’Ukrainien vers la cage lyonnais, je me suis dit qu’on va encore souffrir quelques minutes pour aller en demi-finale. Quand j’ai vu le tir. Je me suis dit qu'il ne faut pas que le ballon soit cadré. Quand j’ai vu le ballon toucher les deux poteaux, je me suis dit qu’on va se faire éliminer. Quand j’ai vu que le ballon n’était pas rentré, je dis : “Ouf”. Quand j’ai vu le squatteur de surface surgir pour marquer, je n’ai rien dit.


Les gens, qui regardaient le match à côté de moi, me voyait comme si j’étais mort. J’avais le regard vide. Mon corps répondait plus. Rempli de tristesse et déception J’étais tellement enfoncé dans mon canapé que je suis devenue un canapé. Au moment où Chevtchenko marque le troisième but, j’étais allongé sur le sol. Je devenais un sol. Déjà, Eindhoven semblait un souvenir cruel, alors, Milan, encore pire. On a tous nos blessures. Certaines se cicatrisent normalement, d’autres causent des symptômes. Finalement, les traumatismes restent ancrer dans notre mémoire. 

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